Portrait d'un chef d'entreprise, Maxence Devoghelaere

Maxence Devoghelaere, chef d'entreprise dans un studio Lillois, a bien voulu répondre à nos questions sur son métier. Maxence s'étant prêté au jeu trois ans plus tôt, vous retrouverez ici son témoignage. Bienvenue dans la Série des Portraits de Creajol !

" Fin 2010 [...] chaque mois nous bataillons pour réussir à payer les salaires. Nous nous recentrons alors sur la prestation de service et nous diversifions sur de nouveaux supports tels que les tablettes et smartphones mais également Facebook. Nous signons alors quelques deals avec des éditeurs qui nous permettront de reprendre de l'oxygène. "

Creajol : Tu nous as confié ton portrait il y a quelques années, merci pour ce nouvel aperçu !

Tout le plaisir est pour moi.

Creajol : Quel métier exerces-tu actuellement ?

Président Directeur Général.

Creajol : Tu peux revenir sur ton parcours durant ces trois ans ?

Je vais tenter de faire court alors, sinon, je pense que les lecteurs ne dépasseront pas cette question ;)

Fin 2010, le projet phare du studio (un Web MMO) ne rencontre pas du tout le succès attendu malgré les investissements conséquents réalisés pour une société de notre taille (quasiment 1M€). Survient alors la lourde décision d'arrêter les mises à jour, l'animation de la communauté et de licencier l'équipe du projet. L'effectif passe de 20 à 10 et nous nous séparons avec mon associé (en bons termes, fort heureusement!) qui était animé par ce projet et ne voyait plus vraiment son avenir dans la société sans ce dernier.

De lourdes difficultés financières s'ensuivent et chaque mois nous bataillons pour réussir à payer les salaires. Nous nous recentrons alors sur la prestation de service et nous diversifions sur de nouveaux supports tels que les tablettes et smartphones mais également Facebook. Nous signons alors quelques deals avec des éditeurs qui nous permettront de reprendre de l'oxygène.

Fin 2011, un fonds d'investissement régional nous accompagne dans cette diversification et nous décidons d'attaquer le secteur de l'animation pour proposer à des producteurs d'adapter leurs dessins animés. Nous signons plusieurs coproductions et réussissons de beaux succès sur certaines licences.

2012, la stabilité revient, nous continuons notre double activité de prestation/coproduction et développons un Pôle Média (aussi appelé Club Méd' en interne) afin de disposer d'une galaxie de blogs qui communiqueront sur nos actualités pour ramener les joueurs sur nos jeux car, si nous avons appris une chose au cours de ces dernières années, c'est que la pierre angulaire du succès d'un jeu est le trafic que nous serons capable d'amener dessus !

2013, nous complétons ce pôle média avec une prise de participation dans une société éditrice d'un portail de sorties et loisirs pour la famille. L'année se passe à merveille et nous enregistrons un record de chiffre d'affaires et de résultat d'exploitation. Mais quand tout roule, un chef d'entreprise a envie de nouveaux défis... nous réfléchissons donc à un nouveau projet de développement regroupant les différents actifs accumulés au cours de ces dernières années et sommes en train de réaliser une levée de fonds sur le sujet.

Creajol : Si tu as relu ta précédente interview, qu'est ce qui a changé pour toi ?

Malgré toutes ces péripéties, peu de choses finalement. Je garde le même rôle dans la société et surtout un effectif stable qui croit en la société et en son avenir. Et pour moi c'est l'essentiel !

Un studio de jeux vidéo, c'est avant tout une équipe. La matière première, c'est la matière grise. Si elle est fidèle, impliquée et me suit contre vents et marées, je ne peux qu'être heureux :)

Creajol : A présent, que penses-tu du milieu du jeu vidéo ?

Si on était sur Facebook, je pense que je mettrai un statut "c'est compliqué" ;)
Il y a tellement de disparités entre les studios, tellement de montagnes russes effectuées : un studio peut aller excellemment bien une année et complètement se planter deux ans après, c'est psychologiquement très difficile à gérer. Et quand on voit les quilles tomber unes à unes autour de soi, ça n'améliore pas les choses...

Des dinosaures indélogeables, des petits poucets qui explosent, des petites équipes qui vivotent, des éditeurs de plus en plus frileux qui ne jurent que par des suites, des success stories qui s'essoufflent... bref, un paysage très varié mais très complexe à appréhender.
Aujourd'hui, on tire notre épingle du jeu en dispersant nos oeufs au maximum dans les différents paniers, pourvu que ça dure !

Creajol : Ton travail et tes compétences évoluent avec le temps ?

Oui et heureusement ;)
Je me rends compte qu'avec le temps, je deviens plus exigeant et les équipes aussi. De fait, ça tire la qualité de nos productions vers le haut et c'est agréable à constater.
On s'efforce aussi de beaucoup jouer à des jeux du même style que ceux qu'on développe, ça permet de voir qu'on reste dans la mouvance et qu'on est pas totalement à l'ouest.

Creajol : Est ce que tu as rêvé de faire ce job ?

Bien sûr ! Dès l'âge de 12 ans, après mon premier stage découverte dans un studio de jeux vidéo de la région qui s'est éteint il y a peu...
C'est quand même bon quand un rêve devient réalité ! Mais bon... parfois, pendant certaines périodes, je me demande quand même si, au final, ce n'était pas un cauchemar ;)

Creajol : Qu'est ce que tu attends de tes collègues ?

Qu'ils croient en moi, qu'ils me suivent et se défoncent pour le bien de la boîte. J'ai des valeurs et l'une des choses les plus importantes pour moi est la fidélité de mes salariés. Aujourd'hui, je n'ai pas à me plaindre sur ce point.
Je marche beaucoup à l'affect et je pense que le jour où je ne sentirai plus que l'équipe est mobilisée derrière moi, ce sera un beau désaveu et il sera temps que je me retire.

Creajol : Ton moment préféré dans la production d'un jeu ?

Le prototypage ! Quand la marmite bouillonne, que les idées fusent, que l'équipe se défonce pour sortir rapidement quelque chose qui nous permettra de décider si on va plus loin... ou pas.

Creajol : Ta plus grande joie dans la production d'un jeu ?

La sortie ! Pour moi, le jeu vidéo c'est comme la musique. La sortie d'un jeu, c'est un concert ! On confronte son oeuvre au public et on voit comment il réagit. Alors certes, c'est cruel et parfois le succès arrive là où ne l'attendait pas... et vice versa. Mais la sensation est tellement agréable !

Source : www.3dduo.com

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