Portrait d'un game designer, Hervé Gengler

Hervé Gengler, actuellement game designer, a bien voulu répondre à nos questions sur son métier. Hervé s'étant prêté au jeu trois ans plus tôt, vous retrouverez ici son témoignage. Bienvenue dans la Série des Portraits de Creajol !

" pour un game designer, ce n’est pas vraiment ça qui fait que j’ai l’impression de beaucoup travailler. C’est plutôt le fait que l’on prend l’habitude d’analyser chaque activité, surtout les activités ludiques, et donc de toujours travailler un peu même si on est en train de jouer "

Creajol : Tu nous as confié ton portrait il y a quelques années, merci pour ce nouvel aperçu !

Avec plaisir. Qui plus est, c’était amusant de relire ce portrait réalisé il y a quelques années.



Creajol : Quel métier exerces-tu actuellement ?

Toujours game designer pour mon plus grand plaisir.



Creajol : Tu peux revenir sur ton parcours durant ces trois ans ?

Une fois le travail fini sur mon premier projet pro avec mon employeur de l’époque, j’ai eu la chance de participer à de nombreuses autres productions. Bien que ce travail fût très plaisant, j’avais besoin de nouveaux challenges. C’est à ce moment qu’on m’a contacté pour me proposer de rejoindre l’équipe dans laquelle je suis aujourd’hui pour travailler sur un « MMO Racing triple A sur console next-gen » (oui c’est un peu barbare). J’ai accepté parce que travailler sur des jeux multi reste ce que je préfère faire et que j’avais également très envie de voir ce qu’imposait le travail sur console, qui plus est sur des consoles qui n’étaient pas encore sorties. Me voilà donc sur ce projet ambitieux porté par une équipe talentueuse.



Creajol : Si tu as relu ta précédente interview, qu'est ce qui a changé pour toi ?

Au final très peu de choses. Bien sûr l’expérience aidant j’ai des opinions plus affirmées, mais j’ai gardé les mêmes objectifs, la même vision de mon métier. Cela dit, j’ai des nouveaux projets qui font que dans 3 ans, je répondrai sûrement différemment.



Creajol : A présent, que penses-tu du milieu du jeu vidéo ?

Je pense qu’il est désormais encore plus riche et varié qu’à l’époque avec le retour en force du développement indépendant qui se fait en même temps que le budget des grosses productions explose en même temps que les valeurs de production de ces derniers. Un milieu toujours aussi fascinant de par sa perpétuelle mutation dont la technologie reste un des principaux moteurs d’évolution.



Creajol : Quels sont tes meilleurs outils de travail ?

La réponse classique – et poétique – est : un crayon et une feuille. Mais c’est loin d’être le cas pour moi. Même s’il m’arrive souvent de vite griffonner sur un bout de papier, je passe surtout la majeure partie de mon temps sur Visio et Excel. Et quitte à complètement briser le mythe, j’ajoute que je préfère même de plus en plus souvent prendre des notes (qui peuvent être accompagnées de photos) sur mon smartphone pour profiter du cloud et parce que je peux les réorganiser plus facilement que si je l’avais fait dans un petit carnet ou sur un bout de nappe au restaurant.



Creajol : Tu travailles beaucoup ?

On parle souvent du crunch dans le jeu vidéo, mais au final, pour un game designer, ce n’est pas vraiment ça qui fait que j’ai l’impression de beaucoup travailler. C’est plutôt le fait que l’on prend l’habitude d’analyser chaque activité, surtout les activités ludiques, et donc de toujours travailler un peu même si on est en train de jouer avec des amis à un jeu de plateau par exemple. Il y a aussi une veille importante à faire car notre milieu évolue très vite et il y a toujours de nouvelles choses à assimiler si on veut rester « dans le coup ». Après, il y a aussi cette envie de créer qu’on a en permanence alors que l’on sait très bien que sur la dizaine de projets dans laquelle on va se lancer, un seul va peut-être aboutir à quelque chose. Donc oui, on peut dire que c’est un travail chronophage, mais c’est aussi une passion, on n’est pas à plaindre.



Creajol : Tu joues ? Qu'est ce que ça t'apporte ?

Je pense que je joue encore plus qu’avant dans le sens où maintenant, quand je vois des amis, c’est rare que l’on ne se retrouve pas autour d’une table pour faire du jeu de rôle ou du jeu de société. Et quand je suis chez moi, je passe énormément de temps à jouer encore, ce coup-ci sur mon pc ou mes consoles et généralement de nouveau avec mes amis.

En plus de m’apporter du plaisir, de me faire vivre des expériences passionnantes et enrichissantes, jouer (et analyser ce à quoi on joue, ce que ça nous procure) est comme je l’ai déjà dit essentiel à notre métier !



Creajol : Ton jeu préféré, jeu le plus joué ?

Mon jeu préféré du moment c’est League of Legends. Un game design systémique de très grande qualité, un jeu taillé pour l’esport qui comme le foot ou les échecs n’a pas besoin « de nouvelles maps » pour continuer à être divertissant mais qui a une courbe d’apprentissage extrêmement bien maitrisée qui fait qu’après plus d’un millier d’heures de jeu, je suis toujours « dans le flow ». C’est aussi un jeu d’équipe (et donc social) qui a adopté le modèle économique du « free to play » d’une des meilleures manières qui soit, ce qui en fait le jeu le plus joué actuellement. Un parcours sans faute en somme pour moi.



Creajol : Un avis sur ton avenir dans le jeu vidéo ?

Je pense que j’aurais du mal à faire autre chose que de la création. Même si j’ai déjà eu l’occasion de gérer une équipe et que j’ai apprécié le faire, il faut qu’à côté, j’aie toujours une activité créative. Du coup, je ne pense pas aller vers un métier de producer par exemple, mais j’ai plus pour objectif d’être un jour game director OU d’être à nouveau dans une petite équipe et donc d’avoir un maximum d’influence sur le game design du projet. Ça n’a rien d’un « ego trip » en fait, c’est juste que ma spécialité (et ce que je préfère faire) réside plutôt dans le design haut niveau : définition d’une expérience globale, design des principaux systèmes de jeu et de la structure de celui-ci plutôt que dans le design bas niveau (même si j’aime beaucoup faire du fine tuning également de temps en temps).

J’espère que si dans 3 ans on refait cette interview j’aurais atteint cet objectif, soit directement dans un studio, soit dans des projets personnels.

Source : http://www.linkedin.com/in/genglerherve

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